Réalisée par nos équipes d'analystes, cette carte illustre les principales tendances et évolutions des risques sécuritaires à travers le monde en 2024.
L’année 2023 a été caractérisée par une dégradation sécuritaire globale, qui devrait se poursuivre en 2024 avec des ajustements possibles dans les équilibres de pouvoir et une réévaluation des priorités nationales à la lumière des défis émergents. Sur fond de résurgence de tensions historiques aux niveaux communautaire comme inter-étatique, 2023 confirme les phénomènes de restructuration des alliances traditionnelles et de reconfiguration des rivalités stratégiques d’influence, portés par une évolution relativement sensible des dynamiques régionales. Par ailleurs, l’absence ou l’échec d’initiatives de coopération multilatérale renforcée pour lutter contre les défis globaux tels que les crises climatique et sanitaires laissent présager un enlisement et une complexification des situations sécuritaire et humanitaire à l’échelle mondiale.
L’année a été marquée par l’éclatement d’un nouveau conflit au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, en octobre dernier. Objet de récupération politique par divers acteurs de la zone et ligne de fracture historique inter-étatique et intra-sociétale dans le monde arabe, il a ravivé les tensions et entraîné une hausse des violences sur plusieurs théâtres – en particulier au Liban, en Irak – et alimentant un risque concret de déstabilisation régionale en 2024. Déjà perceptibles en Afrique du Nord au travers de manifestations d'ampleur de soutien à la cause palestinienne, les répercussions de cet embrasement impacteront le déroulé des processus électoraux de 2024 en Algérie et en Tunisie.
Le sous-continent africain fait face à une dynamique double, tendance confirmée et poursuivie en 2023 : progression des violences politiques et recul démocratique d’une part (en particulier en Afrique de l’Ouest et Centrale), isolement géopolitique et redéfinition des politiques de coopération d’autre part (pour les pays de l’Alliance des Etats Sahel en particulier). Le contexte de dégradation sécuritaire généralisée (RDC, Soudan, Sahel, Éthiopie), qui continue de renforcer le rôle et de la Russie comme nouveau partenaire militaire, sera accentué à l’occasion des échéances électorales de 2024 et laisse à craindre une nette détérioration de la situation humanitaire sur le continent.
En Asie, les menaces sécuritaires, aux causes principalement locales, entraînent par capillarité des conséquences régionales. Les risques terroriste et insurrectionnel, mais aussi les violences interethniques, se concentrent dans les zones frontalières de l’Afghanistan (répercussions sur l’Asie centrale, l’Iran et le Pakistan) et de la Birmanie (effets collatéraux sur la Chine, l’Inde et le Bengladesh). En outre, des mouvements indépendantistes, portant parfois des revendications islamistes, sont actifs notamment aux Philippines (islamistes de Mindanao) et en Indonésie (guérilla de Papouasie occidentale).
L’Amérique latine demeure quant à elle exposée à un risque criminel élevé en lien avec la criminalité organisée, susceptible de s’accentuer eu égard à l’atomisation continue des organisations criminelles en factions ultraviolentes et à leur transnationalité. L'année 2023 a par ailleurs confirmé l'imprévisibilité des scrutins, dont les résultats (à l'instar de l'élection de Javier Milei en Argentine) traduisent de fortes aspirations de ruptures politiques dans la région. Elles résultent principalement de la cristallisation des sociétés autour de problématiques liées aux niveaux croissants des inégalités sociales et de la criminalité organisée, propices à l'éclatement de troubles sociaux.
Enfin, plusieurs menaces sécuritaires sont également à suivre en Europe. La menace terroriste a été réévalué à la hausse depuis le 07 octobre 2023 et l'importation en Europe du conflit israélo-palestinien, traduite par la multiplication de manifestations à haut risque de dérapage ainsi que par la hausse spectaculaire des actes antisémites. Parallèlement, les risques de violence politique liées aux mouvances extrémistes de gauche et de droite sont importants, de même que les conséquences du conflit ukrainien en termes d’attaques cyber et informationnelles russes.
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